Un monde surnaturel

23Oct/18Off

Illustrations des échanges entre villes et grands disrupteurs

Google via son programme Sidewalk Labs va concevoir un quartier de Toronto et va ainsi pouvoir tester ses innovations sur le terrain, dans la suite du cycle de collaboration mise en œuvre avec des villes américaines (programme Flow). Dans le cadre de son programme d’échange avec les villes Connected citizens lancé au niveau mondial fin 2015, Waze a noué en France des partenariats d’échange de données avec plusieurs villes (voir par exemple Lille via OpenDataSoft). Uber est peut-être l’acteur le plus emblématique de ce mouvement: synonyme de disruption, ayant connu une évolution mouvementée (actions en justice, départ du Pdg, remise en cause de sa licence par Transport For London), il opère un changement de posture prononcé: partenariat avec des villes américaines pour la fourniture de service, portail d’échange de données Movement lancé en octobre 2017, mise en avant d’Uber Pool comme un outil de transition de la mobilité, déclaration de son nouveau directeur... puis adhésion à l’Union internationales des transports publics qui regroupe les acteurs des transports en commun. Beaucoup reste à prouver pour ces acteurs mais un changement de posture est perceptible. Dans le mouvement des civic-tech, la promesse de disruption portée par ses promoteurs s’appuyait sur un haut niveau de confiance envers le numérique et sa capacité à transformer la participation citoyenne. Les civic tech ont été pré- sentés comme une possible forme de rupture, avec l’idée qu’elles pourraient se positionner comme “défiant” les institutions publiques ou privées à l’échelle locale, en mobilisant le numérique dans une logique d’interpellation ou de contrôle citoyen, ou simplement d’indépendance face aux pouvoirs publics. Toutefois ce n’est pas ce que l’on a observé : les structures des civic tech ont plutôt choisi une posture de coopération avec les institutions publiques qu’une posture d’interpellation ou de “contre-démocratie”. Les représentants des civic tech expliquent ce choix par des raisons économiques, afin d’assurer la pérennité de la structure et des financements relativement stables, mais également par des raisons stratégiques. En effet, la collaboration avec les collectivités permet aux civic tech, parfois assez peu reliées aux territoires sur lesquelles elles agissent, de profiter de l’existence de communautés constituées comme interlocutrices de la collectivité. Par ailleurs, sans l’implication de la collectivité pour garantir une réponse aux citoyens qui participent, il sera difficile d’atteindre les objectifs d’influence des citoyens sur la décision publique et d’empowerment, et d’assurer que l’engagement citoyen soit soutenu dans le temps. Les civic tech ont ainsi eu tendance à s’intégrer au marché de la participation à l’échelle locale, mais ce choix n’était pas un objectif de départ. Dans le domaine des sociabilités, les plateformes “sociales” comme les réseaux sociaux de voisinage (Smiile, MaRésidence.fr, Voisins Vigilants..) proposent souvent avant tout un service aux citoyens, utilisateurs de la plateforme (ex : réseau d’échange local de biens ou de services, informations sur le quartier et la vie locale, messagerie partagée…). Ces nouveaux entrants ont cependant progressivement choisi de proposer des offres spécifiques aux collectivités (canaux de communication avec les citoyens ou d’alerte, gestion de remontées citoyennes, analyse de l’activité du territoire…), afin de renforcer leur business model mais également pour mobiliser les communautés de citoyens déjà en interaction avec la collectivité. Il y a également des collaborations avec acteurs urbains de l’aménagement et de la gestion immobilière, à la fois en amont de la conception des projets et en aval sur une dimension d’animation, donnant naissance à de nouvelles offres de services territorialisées, à des micro-échelles (bâtiment, quartier) auxquelles les collectivités territoriales ne prennent pas part.

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